Par Andrée-Anne Denis et Jérôme Cotte 


Depuis plusieurs années, des athlètes et des organisations sportives comme Égale action, À nous le podium et Fillactive favorisent  l’égalité des genres.

Néanmoins, un préjugé demeure tenace :  le sport est avant tout l’affaire des hommes. Que faire ?

Ne pas jeter la serviette

Après la première télédiffusion du championnat féminin de la International Ice Hockey Federation (IIHF) en 1999, le taux d’inscription des femmes a grimpé de 39% l’année suivante au Canada. Preuve qu’une augmentation de la couverture médiatique des sports féminins semble avoir un impact sur la participation des jeunes filles dans le sport. 

Or, saviez-vous qu’au Canada, seulement 4% du temps d’antenne sur les chaînes sportives est dédié aux sports féminins (dont, principalement, des sports olympiques). 

Avec ce manque de représentation dans les médias sportifs ainsi que la pression et les normes sociales auxquelles font face les jeunes filles, telles qu’être belle et posée, il n’est pas étonnant que leur participation dans les sports scolaires chute de 26% dès l’adolescence.

Le désengagement sportif d’un grand nombre de jeunes femmes s’explique aussi par la différence entre le feedback qu’elles reçoivent et celui offert à leurs homologues masculins. On leur dit souvent que le sport « n’est peut-être pas fait pour elles » ou qu’elles devraient plutôt « se concentrer sur l’école ». 

Ces commentaires nuisent non seulement à leur sens de l’autonomie et au développement général de leurs compétences, mais réitèrent également un discours sexiste que nous connaissons trop bien : les qualités dites féminines telles que la douceur et la fragilité ne concordent pas avec la force, la rudesse, la vitesse et la combativité que demandent plusieurs sports. 

Ne pas s’investir dans une activité physique et compétitive serait la meilleure voie pour éviter l’échec. Après tout, ce n’est pas comme si le sport menait les femmes quelque part, right ? Faux.

Il ne faut pas jeter la serviette. À nous toutes et tous de jouer pour déboulonner ces stéréotypes désuets et poursuivre la transformation des milieux sportifs pour tendre vers l’égalité.

Des exploits féminins au tournoi House Madness P3P 

Le tournoi House Madness P3P, un tournoi virtuel où  les équipes sportives sont appelées à montrer leur talent en jouant avec un rouleau de papier de toilette, a été créé dans le but de mobiliser les équipes sportives dans le contexte actuel de confinement. Or, nous sommes fier·ère·s de voir que les filles se démarquent ! Elles ont fait preuve de créativité, d’humour, d’esprit sportif et de compétitivité. 

Comment ne pas sourire tout en étant ébahi·e·s par les prouesses athlétiques des Tmiss et des Warriors ! Comment ne pas reconnaître les habiletés et l’excellente collaboration des Panthères et du Team Brocoli

Au moment même où le sport amateur traverse une épreuve des plus difficiles, les équipes féminines se lèvent et prêchent par l’exemple. Même si leur développement sportif est au ralenti, elles continuent d’incarner les valeurs clés du sport.

Cette implication remarquable des équipes féminines fait écho à la raison d’être de Pour 3 Points :  l’égalité des chances, qui inclut aussi l’égalité des genres. C’est pourquoi la participation impressionnante des filles nous enthousiasme.

Vers une transformation  

La participation des filles au tournoi House Madness est une brillante illustration de l’apport des femmes dans le sport en général. L’idée n’est pas nécessairement de noter les différences de genre en termes d’habiletés ou de comportements sportifs, mais de faire avancer nos réflexions et nos pratiques en lien avec certaines normes qui méritent d’être réévaluées. 

D’une certaine manière, le tournoi House Madness illustre la possibilité de configurer des espaces sécuritaires où l’égalité, le plaisir et la collaboration priment, sans pour autant mettre de côté la compétitivité et les habiletés techniques. Dans ce tournoi, les jeunes ont su exceller autant sur le plan sportif que humain. 

Imagine si le monde sportif en entier était un peu plus égalitaire…