Coaching Legends est une série de portraits de coachs qui sont des rois et reines dans leur quartier et au sein de leur communauté. À travers cette série, on met en lumière des coachs ayant du street cred. On retourne à l’origine de leur succès.
À 19 ans, l’âge où les jeunes commencent d’habitude à se développer comme athlètes, Jeff St-Cyr, lui, avait déjà fait la transition vers la position d’entraîneur. Un poste qu’il occupe toujours 15 ans plus tard, mais un poste qui a évolué avec les années, accumulant de plus en plus de ces fameuses « autres tâches connexes ». S’il devait au départ simplement enseigner les rudiments du sport, Jeff se concentre aujourd’hui sur l’impact qu’il peut avoir au sein de son quartier.
On l’a rencontré sur le terrain de basket de son enfance, devenu son lieu de travail, au Parc Roger-Rousseau à Anjou.
« Ça m’a forcé à devenir adulte rapidement, d’être nommé coach si jeune. Tu comprends vite la responsabilité que ça représente. Ton comportement doit devenir irréprochable, parce que désormais, t’as des gens qui te prennent en exemple. »
Pour ses jeunes, Jeff est exactement ça, une figure d’exemple. Pas mal plus qu’un gars qui va t’aider à améliorer ton jeu défensif, il joue aussi les rôles de mentor et d’intervenant – il supporte les jeunes dans leur parcours scolaire, il est la personne que les parents appellent quand un jeune est en crise, il est la personne que les jeunes contactent quand ils ont leur première entrevue professionnelle et ont besoin de conseils.
« Drôle à dire pour un coach de basket, mais de montrer à jouer au basket, c’est une minime partie de ma job. »
Pour lui, le sport sert surtout de prétexte pour le développement personnel. Les compétences qu’on acquiert sur son terrain, elles sont tout aussi valides dans la vie hors du court.
Rigueur, ténacité, respect, teamwork.
Mais surtout, confiance en soi.
« Tu vois ton ballon entrer dans le filet une fois, deux fois, et soudainement tu te dis, oh ok, je suis capable de contribuer, de performer. Et cette estime-là se reflète dans tous les aspects du quotidien par la suite. C’est toujours beau de voir le progrès d’un jeune dans son jeu, mais le plus beau, c’est de le voir progresser dans son parcours de vie. »
« Parce qu’on ne coache pas que des athlètes, on coach des êtres humains. »
Cette responsabilité que ressent Jeff à influencer positivement les comportements des jeunes avec qui il travaille est ce qui le garde aussi impliqué dans les initiatives de sa communauté. Même s’il avoue que cette responsabilité donne parfois le vertige.
« C’en est quasiment épeurant, parce que des fois tu ne comprends pas, sur le coup, l’impact que t’es peut-être en train d’avoir sur la trajectoire de quelqu’un. Même dans les cas super positifs. Exemple, ça m’est arrivé qu’un jeune vienne me voir, des années plus tard, pour me dire hey te souviens-tu, tu m’avais dit tel truc en secondaire 3, ça a changé ma vie, merci. Et moi je suis là et j’ai auuuucun souvenir d’avoir dit ça. Un autre m’a raconté la fois où j’avais juste mis ma main sur sa tête. Pour moi c’était rien, un geste anodin, mais lui, il passait une très mauvaise journée et il avait besoin de ça. C’est fou, hein. C’est pas toujours les gros discours de mi-temps qui marquent les gens. »
Avec le temps, Jeff a appris à partager cette responsabilité avec ses jeunes et il les forme désormais à devenir eux-mêmes des exemples pour leurs coéquipiers. Pour leur apprendre à se responsabiliser, mais surtout pour leur faire comprendre l’impact que leur attitude a sur les autres. Si un joueur est négatif pendant un match, ça va miner le moral de toute l’équipe. À l’inverse, si quelqu’un déborde d’énergie, il énergisera les autres. Son point de vue, c’est que l’esprit qu’une équipe a dans la victoire, elle devrait pouvoir le maintenir dans la défaite.
Rigueur, ténacité, respect, teamwork.
« Si vous devenez juste une équipe quand ça va bien, vous êtes pas une équipe. Vous êtes simplement des joueurs individuels qui s’adonnent à jouer ensemble. C’est quand ça va mal que je veux vous voir soudés. »
C’est comme il répète toujours :
« On reconnait une équipe à sa posture devant l’adversité. »
Rédigé par : Joshua Lessard
Crédit photo : Hamza Abouelouafaa