Nous vous invitons à redécouvrir les moments marquants de notre Mi-temps visant à accompagner et à soutenir les victimes d’abus en milieu sportif.

Notre invité

Joey Toupin (il/lui) est candidat au doctorat en psychologie du sport à l’Université Laval, en plus de travailler comme intervenant psychosocial et chargé de projets chez Sport’Aide, un OSBL offrant des services d’accompagnement, d’écoute et d’orientation aux jeunes athlètes québécois.

Préambule avant la Mi-temps

Aux fins de cette chronique, la violence en contexte sportif doit être considérée au sens large, qu’il s’agisse d’abus physique, sexuel ou psychologique. 

Au Québec, les statistiques sur le sujet sont alarmantes. Selon une étude conduite sur 1 055 athlètes âgé·e·s entre 14 et 17 ans :

  • Près de 40% affirment avoir été victimes de violence physique
  • Plus de 81% affirment avoir victimes de violence psychologique et de négligence
  • Près de 30% affirment avoir victimes de violence sexuelle
  • Près de 85% rapportent avoir vécu au moins une forme de violence 
  • Plus de 48% rapportent avoir vécu plusieurs formes de violence
Statistiques alarmantes, conséquences effarantes

Ce n’est pas parce qu’un·e coach n’entend pas parler d’abus dans le cadre de ses fonctions qu’aucune situation problématique n’est vécue auprès de ses athlètes. Voici un survol des répercussions potentielles pouvant découler de la violence.

Conséquences sportives :

  • Diminution de la performance
  • Abandon ou changement dans la performance
  • Absence aux entraînements
  • Entraînement compulsif
  • Manque de concentration

Conséquences physiques et psychologiques :

  • Augmentation du nombre de blessures
  • Troubles alimentaires
  • Problèmes de sommeil
  • Dépendance à certaines substances
  • Atteinte à l’intégrité physique, comme le suicide ou l’automutilation
  • Problèmes psychologiques, comme les troubles de stress post-traumatique
  • Dépression
  • Diminution de l’estime de soi

Conséquences sociales :

  • Problèmes de développement social
  • Isolement
  • Difficultés relationnelles
  • Diminution de la performance scolaire
  • Absentéisme à l’école
  • Difficulté à faire confiance
Quelques pistes de solution pour soutenir les victimes

Si un·e athlète se confie à vous, vous serez mieux outillé·e pour l’accompagner en suivant ces conseils :

  • Restez calme et rassurez la victime, dites-lui que que vous la croyez.
  • Faites preuve d’empathie inconditionnelle et sans jugement.
  • Soyez attentif·ve aux signes non verbaux : les émotions, la posture, le rougissement, les tremblements, la respiration.
  • Restez dans l’écoute active.
  • Gardez en tête que le silence, c’est parfois la manière la plus simple et la plus puissante de se connecter à son interlocuteur·trice. Cela lui permet d’élaborer son message, de mieux réfléchir avant de s’exprimer et de vivre ses émotions. Parallèlement, ça nous permet de mieux assimiler l’information et de penser à des pistes de solutions.
  • Adoptez une posture ouverte en évitant de croiser les bras ou de vous adosser.
  • Reformulez le témoignage : « De ce que je comprends, il est arrivé ceci. Si je résume, il est arrivé cela. » La victime se sentira écoutée et pourra rajuster le tir si jamais elle s’est mal exprimée. 
  • Posez des questions ouvertes pour vous assurer de bien comprendre le témoignage.
  • Vers la fin du témoignage, posez des questions fermées pour combler les manquements, notamment où et quand la situation s’est produite. 
  • Après le témoignage et une fois que la victime a quitté la pièce, prenez des notes rapidement afin d’avoir les informations justes.

Si la victime est mineure et que sa santé ou sa sécurité sont compromises, faites-lui comprendre que vous ne pouvez être tenu au secret. En effet, vous êtes tenu·e par la loi de faire un signalement à la DPJ.

Si la victime est majeure, tentez d’abord de comprendre ses intentions. Peut-être a-t-elle seulement besoin de se confier. Le cas échéant, vous devez respecter sa décision. En revanche, si elle est indécise à l’idée d’entreprendre des démarches, vous pouvez lui proposer des pistes de réflexion. 

Toutes les personnes qui sont impliquées de près ou de loin dans une situation d’abus ou de violence peuvent porter plainte, qu’il s’agisse des athlètes, des parents, des bénévoles, des entraîneurs, des administrateurs scolaires ou bien des arbitres. Ils peuvent s’adresser directement l’Office indépendant de gestion des plaintes ou contacter Sport’Aide, dont le rôle est de soutenir les personnes qui vivent des difficultés au sein de leur environnement sportif. C’est un organisme qui peut aussi vous aider à déposer une plainte auprès de l’Office.

Quelques pistes de solution pour soutenir les coachs

Vous le savez, il faut prendre soin de soi avant de pouvoir prendre soin des autres. Dans un contexte aussi sérieux que les situations d’abus, il est important de savoir reconnaître ses propres limites :

  • Respectez votre rythme et, surtout, votre pouvoir d’agir.
  • Ne soyez pas trop investi émotionnellement.
  • Gardez une certaine distance pour rester objectif·ve et efficace.
  • Passez le flambeau et trouvez des ressources, que ce soit pour soutenir la victime ou pour votre propre santé mentale.

Si vous avez besoin d’aide, d’orientation ou d’accompagnement, pour vous ou pour un·e proche, vous pouvez contacter la ligne d’écoute de Sport’Aide en tout temps :

Par téléphone ou par SMS, 

en français : 1 833 211-AIDE (2433)

en anglais : 1 833 245-HELP (4357)

Ou en remplissant une demande d’aide en ligne.

À propos des Mi-temps Pour 3 Points

Nos Mi-temps sont des conférences mensuelles offrant des conseils en lien avec la culture sportive, le développement personnel et les enjeux de société pour les coachs ou pour toute autre personne qui s’engage auprès des jeunes.