Avec les mesures sanitaires et l’interdiction des activités parascolaires en raison de la COVID-19, la rentrée 2020 a été des plus particulières. Ces mesures ont notamment privé les coachs sportifs et les jeunes d’une partie importante de leur vie, soit la pratique du sport. En l’absence d’entraînement et de compétition, quels rôles jouent les coachs sportifs ? La série Sur le Terrain est une incursion dans le quotidien des coachs en formation Pour 3 Points depuis les derniers mois.
Dans le cadre de ce troisième entretien de notre série Sur Le Terrain, nous avons échangé avec Fahimy Tatiana Prophete, qui est actuellement coach de danse à l’école de Carignan dans le quartier Montréal-Nord en plus de gérer un groupe du programme Parle Avec Ton Rythme à distance. Du ballet classique au dancehall en passant par le contemporain et l’afro, l’étudiante en techniques juridiques au Collège Ahuntsic est aussi polyvalente sur le plancher de danse qu’en classe-bulle depuis le début de l’année scolaire 2020.
C’est avec beaucoup de chaleur et de sourire dans la voix et entre deux travaux de fin de session que la jeune coach en formation de 21 ans a accepté de nous dresser un petit portrait de sa routine revue et corrigée des derniers mois.

Tatiana lors de la retraite Pour 3 Points, août 2020. Crédit photo: Napoleon Communications
Pour être honnête, au début de la pandémie, j’avais arrêté de coacher carrément. Mais à la fin novembre on a eu notre troisième formation Pour 3 Points de l’année, où on nous a montré comment bien construire et donner des cours sur Zoom, et ç’a m’a poussée à continuer.
Qu’est-ce qui a été le plus gros défi pour toi avec ce changement de routine?
Garder les jeunes motivés. Avant la pandémie, j’avais un groupe de danse de sept à huit filles. On avait des pratiques régulières en personne. Mais quand ç’a basculé sur Zoom à cause de la deuxième vague, c’est devenu plus compliqué. Pour vous donner un exemple, la plus jeune de mon groupe a 10 ans, il faut donc passer par ses parents pour la contacter. Avant, mes cours faisaient partie de leur routine, elles savaient que vendredi et samedi après-midi elles avaient leur cours avec moi. Mais comme c’est par Zoom maintenant, il y en a beaucoup qui se sont un peu désintéressées. La motivation n’est plus là.
Quelle est la solution que tu as trouvée pour remédier à ce problème?
On a eu une discussion avec nos jeunes, on voulait savoir comment elles vivaient la situation et connaître leur avis. Avec ma partenaire (au sein du programme Parle Avec Ton Rythme), on s’est dit qu’on allait se calmer sur la danse et qu’on allait plutôt les encourager à apprendre à se connaître davantage. On les a donc jumelées pour que chaque semaine, elles se parlent et qu’elles nous reviennent en nous disant ce qu’elles ont appris de l’autre personne.
Et comment l’école de Carignan est arrivée dans ta vie?
C’est grâce à Wilmann (Edouard, coach certifié Pour 3 Points, maintenant conseiller en développement au sein de l’organisme). Beaucoup de coachs Pour 3 Points se sont retrouvés à s’associer avec la Coopérative de Solidarité Multisports Plus grâce à lui. J’avais travaillé à la Coop’ avec Wilmann cet été et quand il a compris que plusieurs coachs n’allaient pas pouvoir avoir de groupes à cause de la situation actuelle, il a présenté un projet d’animation et de coaching à la directrice de l’école de Carignan et elle a accepté. Il a fait toutes les démarches pour qu’on puisse avoir une place dans l’école, un endroit où coacher. Pendant la récréation de 40 minutes, j’anime des activités pour des groupes de troisième, quatrième et cinquième année.
De quelle manière ta formation Pour 3 Points a-t-elle eu un impact sur ta capacité d’adaptation en ces temps plus difficiles?
Pour être honnête, au début de la pandémie, j’avais arrêté de coacher carrément. Mais à la fin novembre on a eu notre troisième formation Pour 3 Points de l’année, où on nous a montré comment bien construire et donner des cours sur Zoom, et ç’a m’a poussée à continuer. On nous a donné des idées d’activités à faire, des conseils pour faire participer les jeunes davantage et j’ai compris que c’était possible. Qu’il fallait simplement se forcer un peu. Et avec mes cours (au cégep) qui sont exclusivement en ligne, je suis vraiment contente d’avoir la chance de sortir un peu. Ça m’aide. J’en ai autant besoin que les jeunes.
Ce que l’expérience de Tatiana nous apprend
Les coachs ne sont pas des robots, ce sont des êtres humains. Comme les jeunes, pour qui la pandémie a frappé fort, les coachs ne sont pas non plus à l’abri d’épisodes de démotivation passagère ou d’exaspération collective. Mais persévérer et s’entêter à vouloir avoir un impact sur la vie des jeunes amène ultimement du positif dans un camp comme dans l’autre.
Pour soutenir la formation de coachs sportifs comme Tatiana, vous pouvez contribuer à la campagne annuelle de Pour 3 Points
Texte par Emna Achour