Avec les mesures sanitaires et l’interdiction des activités parascolaires en raison de la COVID-19, la rentrée 2020 a été des plus particulières. Ces mesures ont notamment privé les coachs sportifs et les jeunes d’une partie importante de leur vie, soit la pratique du sport. En l’absence d’entraînement et de compétition, quels rôles jouent les coachs sportifs ? La série Sur le Terrain est une incursion dans le quotidien des coachs en formation Pour 3 Points depuis les derniers mois.

Cette deuxième entrevue Sur Le Terrain nous amène à faire la rencontre de Venel Joseph, entraîneur de basketball parascolaire à l’école primaire Chénier, dans le quartier Anjou à Montréal. En 2014, Venel et son cousin ont mis sur pied un programme parascolaire en basketball pour les élèves de 5e et 6e année. Au fil des années, ils ont inclus tous les niveaux du primaire en plus d’ajouter des activités comme le soccer, le hockey cosom, et des activités artistiques et de programmation technologique.

C’est sur un fond de Calinours sur Zoom que Venel nous partage les défis qu’il surmonte au quotidien depuis la rentrée scolaire, comme pour nous rappeler qu’au milieu de toute la tourmente des derniers mois, on peut toujours trouver une raison de sourire et de se remonter le moral. 

Venel en pleine préparation de ses activités de la semaine à l’école primaire Chénier d’Anjou


 Avec le sport, les jeunes bougent, courent et rient dans le gymnase. Ils lâchent leur fou. Ça enlève du stress et de l’anxiété, ça fait sortir le méchant.

Quelle est la situation actuelle à l’école où tu coaches ?

Nos activités parascolaires sont données par bulle-classe selon les directives du gouvernement. Comme on n’avait pas assez de jeunes par classe pour faire chaque activité sportive, on a décidé d’avoir une approche multisport. On fait découvrir aux jeunes des nouvelles activités sportives pour leur donner le goût de l’activité physique. Qui sait, peut-être que certains vont découvrir un sport qu’ils vont aimer et qu’ils vont pratiquer plus tard !

Les jeunes se retrouvent alors à pratiquer des sports qui ne les intéressaient peut-être pas au départ. Quelles astuces as-tu trouvées pour les encourager à participer ?

La plupart des sportifs, lorsqu’ils font un autre sport, utilisent les attributs qu’ils ont déjà en tant qu’athlètes. On essaie  de faire des liens entre l’activité qu’il aime et le sport qu’on présente. Par exemple, en créant des comparaisons avec des athlètes professionnels. Ils ont ensuite un modèle en tête et ils se disent que si un athlète professionnel a pratiqué un autre sport, ils peuvent l’essayer aussi.

Entre les contraintes sanitaires et tes nouvelles responsabilités, as-tu de la difficulté à créer des liens avec les jeunes ?

Avec les jeunes que j’ai coachés par le passé, j’ai déjà des liens solides. Pour les nouveaux, sans la dynamique présentielle, c’est beaucoup plus difficile de créer une bonne relation. Une façon de faire ça est de bâtir des liens avec les nouveaux participants à travers les anciens en demandant à ces derniers de partager ce qu’ils ont appris avec moi et ce qu’ils ont aimé. De cette façon, les nouveaux savent à quoi s’attendre et il y a une confiance initiale qui est établie. 

Aussi, je n’ai pas beaucoup coaché, proprement dit, depuis le mois de septembre. J’ai surtout mis en place tout l’aspect logistique des mesures sanitaires : le programme d’activités, le dialogue avec les parents, la prise de température des enfants, la distanciation, laver les ballons avant et après les activités, l’accompagnement des jeunes dans les classes, quel couloir utiliser… Tout ce qu’il fallait adapter pour permettre à tout le monde de faire du sport !

Pourquoi est-ce important de maintenir le sport et le coaching durant cette crise ?

Notre coaching nous permet de garder le contact avec les jeunes et leurs parents. En tant que coach, on fait parfois le pont entre les parents et l’école. Il y a des rencontres avec les parents où la direction invite les coachs parce qu’elle a un message difficile à passer et elle sait que ça va aider si le coach est là. Dans certaines situations, on est capables de dire à un prof quelle approche, quels mots utiliser pour qu’un message passe bien avec un jeune.

Avec ce qu’on vit ces derniers temps, je pense que c’est encore plus important de continuer à coacher parce que les mesures sanitaires isolent encore plus ceux qui étaient déjà vulnérables. Avec le sport, les jeunes bougent, courent et rient dans le gymnase. Ils lâchent leur fou. Ça enlève du stress et de l’anxiété, ça fait sortir le méchant. 

En quoi la formation Pour 3 Points t’a aidé à t’adapter à ce manque de connexion avec les jeunes ?

La retraite de quatre jours de Pour 3 Points au mois d’août m’a permis de me reconnecter au coaching. Pourquoi je coache réellement ? Qu’est-ce que je veux aller chercher chez le jeune ? Qu’est-ce que je veux développer ? Je dirais que ça a définitivement contribué à mon développement en tant que coach et ça m’a donné des outils pour m’adapter à la situation actuelle. 

Ce que l’expérience de Venel nous apprend

Après quelques minutes à écouter Venel partager son expérience de coaching dans une école primaire en temps de COVID-19, on réalise que les coachs occupent un rôle qui va au-delà du terrain et du gymnase. Ils ont une influence non seulement auprès des jeunes, mais ils peuvent également apporter du support aux parents et une meilleure communication avec les enseignants et les directeurs dans les écoles. 

Pour soutenir la formation de coachs sportifs comme Venel, vous pouvez contribuer à la campagne annuelle de Pour 3 Points

Texte par Stéphanie Lojen