Ça y est, le moment tant attendu est finalement arrivé; le Québec se déconfine peu à peu, zone par zone, secteur d’activité par secteur d’activité.

Celui du sport n’a évidemment pas été épargné au cours des 14 derniers mois, alors que l’année scolaire qui s’achèvera en juin prochain a été un véritable ascenseur d’émotions pour tout le monde: élèves, profs, employé·e·s des services de garde et tout autre individu engagé auprès des jeunes.

Ce dernier groupe inclut entre autres nos coachs Pour 3 Points de la cohorte 2020-2021 qui, avec les mesures sanitaires mises en place et l’interdiction des activités parascolaires en raison de la pandémie, se sont vus amputés de leur passion et de leur manière de s’impliquer et de faire une différence dans la vie des jeunes. Leur programme de certification en coaching P3P en a évidemment aussi été chamboulé.

La cohorte 2020-2021 masquée lors de la retraite en nature du mois d’août dernier, un des rares événements qui ont pu être faits en présentiel. Crédit photo: Napoleon Communications

En l’absence d’entraînement et de compétition, quelle a donc été l’expérience de cette cohorte particulière? Quels ont été les apprentissages clés? Quels ont été les principaux défis auxquels les coachs et l’organisation ont fait face?

Incursion dans les coulisses de cette année toute singulière avec des témoignages des membres de notre équipe qui étaient aux premières loges.

Des défis de taille

Margot lors de la retraite en nature, août 2020. Crédit photo: Napoleon Communications

Nos conseiller·ère·s en développement, chargé·e·s d’accompagner nos coachs tout au long de leur formation, vont habituellement à la rencontre des coachs qui leur sont assignés environ sept fois par année en formule « 1-on-1 », en plus d’effectuer deux ou trois visites de pratique afin de leur offrir de la rétroaction sur l’acquisition de leurs apprentissages.

Mais avec la pandémie qui a privé les coachs et leurs jeunes de pratiquer leur sport, ça n’a évidemment pas été possible. La grande majorité des formations a dû se faire en format virtuel et il a fallu se débrouiller avec les ressources disponibles.

« Ce qui était difficile et ce qui nous a le plus manqué, c’est qu’on avait des coachs qui coachaient peu ou pas du tout parce qu’ils n’avaient pas l’opportunité d’avoir des équipes de façon régulière, et on a donc eu moins l’occasion de les voir sur le terrain », a évoqué Margot Chignac, qui est conseillère en développement et qui collabore à la conception et à l’amélioration des programmes chez Pour 3 Points. « Logiquement, dans le programme c’est prévu qu’on aille les observer pour s’assurer qu’ils s’approprient bien les notions du programme, mais cet aspect on l’a beaucoup moins eu cette année. »

Pendant leur cursus Pour 3 Points habituel, les coachs doivent se soumettre à une journée de formation en gymnase au cours de laquelle leurs jeunes sont également présents afin que les conseillers en développement puissent leur faire faire des exercices tous ensemble et donner des commentaires à leurs coachs sur le coup.

Mais en cette année de COVID-19, le tout a dû se faire en ligne. Devant l’ampleur du défi que ça pouvait représenter pour des coachs de non seulement diriger leur jeune virtuellement mais aussi de devoir le faire tout en étant évalués et observés, un atelier de coaching en ligne a été ajouté à la formation. Pour 3 Points a donc fait appel à Micaella de l’organisme torontois Lay-Up afin de mieux outiller nos coachs à cette nouvelle réalité.

Micaella (encadrée en jaune) de l’organisme Lay-Up et les coachs de notre cohorte 2020-2021 en novembre dernier lors d’une formation Zoom sur le coaching en ligne.

Connecter autrement

Une grande partie du travail de nos conseiller·ère·s en développement cette année a été d’aider les coachs à trouver des manières créatives de rester en contact avec leurs jeunes malgré les circonstances inhabituelles. Et les séances de brainstorm ont pour la plupart donné des résultats insoupçonnés.

Andrée-Anne lors de la retraite en nature, août 2020. Crédit photo: Napoleon Communications

« J’ai une coach que j’ai poussée à entrer en contact avec ses jeunes et ça lui a permis de connecter avec ses filles comme jamais elle n’aurait pu connecter normalement », a mentionné Andrée-Anne Denis, elle qui est conseillère en développement en plus d’agir en soutien à la facilitation des formations et à l’amélioration des programmes. « Ç’a aussi permis un espace de dialogue et de soutien pour les filles qui n’était pas nécessairement présent dans leurs pratiques habituelles où ça roule, où les filles doivent s’échauffer et où elles n’ont pas vraiment le temps de s’asseoir et de discuter. Elle a pu établir un lien avec ses filles différemment. »

« Il a fallu les aider à trouver d’autres façons de jouer leur rôle de mentor, de personnes qui accompagnent les jeunes », a ajouté Virginie Bourque, elle aussi conseillère en développement en plus d’être coordonatrice de l’expérience coachs. « D’habitude c’est dans les pratiques sportives qu’ils y arrivent, mais là ils n’y avaient plus accès. Avec une de mes coachs, on a beaucoup réfléchi à comment revenir à l’essence de son rôle avec ses jeunes; être présente pour eux peu importe ce qui se passe. Je lui ai dit, ‘Là tu ne peux pas le faire à travers ton sport, mais peux-tu le faire à travers autre chose?’ Elle s’est mise à organiser une chaîne d’appels à travers les filles de son groupe pour qu’elles prennent des nouvelles les unes des autres, elle créait des connexions de cette façon-là. C’était super. Elles n’ont presque pas pratiqué leur sport de l’année finalement, mais ça n’a pas paru. »

Andrée-Anne (à gauche) et Virginie (à droite) lors de la retraite en nature, août 2020. Crédit photo: Napoleon Communications

Des idées de grandeur

La folle dernière année d’ajustements et d’adaptation, autant pour les coachs que pour notre organisation, n’aura évidemment pas été vaine. En plus de résulter en une cohorte de coachs certifiés exceptionnelle, elle a aussi fait germer quelques idées en vue des prochaines années chez les membres de l’équipe à la conception et l’amélioration des programmes de formation.

« C’est très embryonnaire, mais on a commencé à réfléchir à continuer à offrir la formation en ligne seulement même si la pandémie se termine, parce que ça nous permettrait de faire des cohortes de coachs partout au Québec », a déclaré Jérôme Cotte, qui facilite les formations en plus de contribuer à la conception et à l’évaluation des programmes. « Ce n’est pas un projet concret, mais c’est le genre d’idée qui a émergé. Tout ça devient possible. C’est une chose à laquelle on n’aurait peut-être jamais pensé si on n’avait pas été mis au pied du mur et qu’on avait dû monter de A à Z nos formations en ligne cette année. »

Jérôme, très concentré, lors de la retraite en nature du mois d’août dernier. Crédit photo: Napoleon Communications

Différent, mais pas déficient

Malgré tous les défis auxquels toutes les parties impliquées ont dû faire face, malgré les doutes et les remises en question occasionnelles, Margot insiste sur le fait que cette cohorte n’aura rien à envier aux précédentes.

« C’est vrai que c’était différent, mais c’était tout aussi pertinent, a-t-elle dit. Pour moi, on ne peut pas comparer. Oui, l’accompagnement individuel n’a pas été le même parce qu’on avait moins de matière sur laquelle travailler, mais nos conversations étaient orientées vers d’autres choses et des aspects plus personnels concernant ce que ça veut dire le coaching pour eux, quelle place ils ont envie d’accorder au coaching dans leur vie. C’était aussi une occasion de prendre une pause, ce qui a permis d’ouvrir des fenêtres de réflexion parce qu’on n’était pas dans le quotidien.

« C’était une une opportunité pour eux de réfléchir à quel genre de coach ils veulent être. J’ai l’impression que ç’a libéré de l’espace pour ça. C’était au détriment d’aspects plus pratiques, mais ç’a ouvert des réflexions différentes. Les coachs ont peut-être ressenti des frustrations par rapport au nombre restreint d’évaluations qu’ils ont pu avoir sur le terrain comparativement à d’autres cohortes, mais moi je suis très à l’aise de dire que leur certification a autant de valeur que les autres. Je n’ai aucun doute sur leur capacité à parfaitement représenter les valeurs de Pour 3 Points, et j’espère qu’ils ressentent la même chose. »

Un texte écrit par Emna Achour